Soudage cuivre-aluminium : comment lever les verrous industriels ?

Le cuivre et l’aluminium sont deux métaux phares de l’industrie électrique et thermique. L’un est reconnu pour sa conductivité exceptionnelle, l’autre pour sa légèreté et son faible coût. Mais quand il s’agit de les souder ensemble, les choses se compliquent. Incompatibilités métallurgiques, corrosion galvanique, procédés limités… les défis sont nombreux.

Pourtant, face à la flambée du prix du cuivre et aux enjeux d’allègement dans le transport ou l’électronique de puissance, les industriels n’ont plus le choix : ils doivent apprendre à assembler efficacement le cuivre et l’aluminium.

Quels procédés utiliser ? Quels sont les risques ? Existe-t-il aujourd’hui des solutions fiables et industrialisables ? Voici les réponses.

Pièces soudées par friction-malaxage en cuivre-aluminium

Cuivre et aluminium – Deux métaux, deux comportements

Le cuivre est un excellent conducteur thermique et électrique. Il est facile à mettre en forme et reste un standard dans les domaines de l’énergie et du thermique.

Mais quatre limites s’imposent :

  • Il est difficile à souder,
  • Son prix explose, notamment à cause de la transition électrique de l’industrie (voiture, data centres, énergie, électronique, bateau…) : 10 140 USD / tonne soit une augmentation de 80% en seulement 5 ans (d’après LME – Juin 2025),
  • Il y a un grand risque de pénurie,
  • Il est lourd, ce qui pénalise les industries de la mobilité.

L’aluminium apparaît alors comme une alternative :

  • Il est léger – 3 fois plus léger que le cuivre,
  • Il est très abondant sur terre,
  • Il est beaucoup moins cher que le cuivre : 2 594 USD / tonne (d’après LME – Juin 2025),
  • Il conduit 5 fois mieux que l’acier.

En effet, même s’il est 2 fois moins conducteur que le cuivre, en doublant la section d’aluminium, on compense sa conductivité plus faible tout en gagnant 50% de masse par rapport au cuivre.

joint soudé par friction-malaxage aluminium-cuivre

Soudage cuivre-aluminium : les limites des procédés classiques

Cuivre : une soudabilité déjà limitée

Bien que largement utilisé dans l’industrie, le cuivre reste un métal difficile à souder. Sa conductivité thermique élevée dissipe la chaleur trop rapidement rendant difficile la stabilisation d’un bain de fusion. De plus, il s’oxyde facilement à haute température, ce qui nécessite une protection gazeuse rigoureuse.

Résultat : même les procédés bien maîtrisés comme le TIG ou le MIG peuvent produire des soudures poreuses ou fragiles.

Autrement dit, souder du cuivre avec du cuivre c’est déjà délicat. Alors avec de l’aluminium ? Le défi est d’un tout autre niveau. Les deux métaux ont des points de fusion très différents (1085°C pour le cuivre, 660°C pour l’aluminium), des dilatations thermiques opposées, et forment des phases intermétalliques fragiles lors de la fusion.

tubes en cuivre pour usage industriel

Les procédés à éviter

  • Brasure : souvent utilisée, mais difficile à automatiser et à contrôler sur des séries industrielles.
  • Soudage TIG ou MIG : très risqué pour ces matériaux, avec des défauts fréquents (fissure, porosité).
  • Laser : possible, mais coûteux, et très complexe à maîtriser sur des pièces hybrides.
soudage traditionnel

En résumé : la plupart des procédés conventionnels ne garantissent ni la solidité ni la durabilité des assemblages cuivre-aluminium.

Le FSW : fiabilité, performance et industrialisation du soudage Cu-Al

Le soudage par friction malaxage (FSW) change la donne. Ce procédé de soudage à l’état solide ne fait pas fondre les matériaux. Un outil rotatif malaxe localement les métaux à l’état pâteux, créant une liaison mécanique et métallurgique solide.

Les avantages du FSW pour les assemblages cuivre-aluminium sont nombreux :

  • Pas de fusion, donc pas de formation de zones fragiles.
  • Résistance mécanique élevée du cordon de soudure.
  • Processus automatisable et répétable.
  • Soudage de pièces dissemblables sans ajout de matière.

Le FSW permet ainsi de créer des busbars ou des plaques froides hybrides.  Le joint de soudure est fiable, même entre matériaux dissemblables – un saut technologique décisif pour l’électrification des véhicules ou les systèmes électroniques compacts.

Soudage par friction-malaxage de cuivre sur aluminium

Et la corrosion galvanique ?

Assembler deux métaux différents peut créer une pile électrochimique. En présence d’humidité, le métal le moins noble (ici l’aluminium) risque de se corroder rapidement. C’est la corrosion galvanique.

Mais cette problématique est maîtrisable, à condition de :

  • Limiter l’exposition à l’humidité (conditions étanches ou sèches),
  • Traiter les surfaces (revêtements isolants, anodisation),
  • Utiliser des géométries qui limitent les chemins de courant électrochimique.

Des industriels comme Stirweld proposent d’ailleurs des solutions techniques éprouvées, incluant des protections anticorrosion spécifiques aux assemblages cuivre-aluminium.

Cuivre-aluminium : un duo d’avenir, à condition de bien savoir les souder

Loin d’être un assemblage improbable, l’association du cuivre et de l’aluminium est aujourd’hui stratégique : elle permet d’alléger les composants, de réduire les coûts et de faire face à la pénurie de cuivre.

Mais pour en tirer tous les bénéfices, il est indispensable de maîtriser le procédé d’assemblage. Le FSW apparaît comme la technologie la plus prometteuse, alliant fiabilité, industrialisation et performance.

pièce soudée par friction-malaxage en cuivre-aluminium

Des secteurs industriels qui passent au FSW

Le soudage Cu-Al par FSW n’est pas qu’une innovation technique : il est déjà utilisé dans plusieurs secteurs qui cherchent à gagner en performance et en durabilité.

Automobile et véhicules électriques

  • Les constructeurs automobiles réduisent le poids pour augmenter l’autonomie de leurs véhicules. Le FSW permet d’assembler des busbars et des cold plates hybrides, plus légers, sans sacrifier la conductivité.

Aéronautique

  • L’assemblage Cu-Al par FSW est utilisé dans l’industrie aéronautique pour l’assemblage de modules de conversion d’énergie et de câblages haute puissance, avec un fort enjeu sur la fiabilité mécanique et le poids.

Electronique de puissance et énergies renouvelables

  • Stations solaires, bornes de recharge : les besoins en conductivité et en compacité sont critiques. Le FSW garantit des assemblages stables et conducteurs sur le long terme.

Mobilité maritime

  • Sur les navires hybrides ou électriques, la masse est un facteur clé. Le FSW évite les risques de corrosion galvanique (avec revêtement adapté) tout en assurant la liaison Cu-Al.

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